lundi 5 octobre 2015

Money, money, money

Bien que certains l'oublient ce blog est un blog scientifique (oui, oui) dont l'objet est de promouvoir les connaissances sur la surcharge des urgences. Ces derniers temps, une dérive coupable, portée par mon égo surdimensionné l'a fait avancer sur les eaux troubles du comique troupier. J'ai donc décidé de revenir aux fondamentaux et gardant les principes fondateurs qui consistent à recycler ici ce que je présente ailleurs pour un public clairsemé et peu vigile, aujourd’hui c'est notre étude sur la simulation des urgences qui est à l'honneur.
En fait c'est un travail de Karim Ghanes de Centrale Paris (sans dec) et l'ARS IdF avec les urgences de St Camille que j'ai présenté au dernier congrès des urgences à 16.30 un vendredi devant mon ami le Dr Y.F.  qui s'était égaré, après avoir modéré/animé environ 42 sessions pendant 3 jours.
L'objectif de ce travail était de se demander comment améliorer notre organisation au cas extrêmement incertain où nous pourrions disposer d'un budget supplémentaire. Nous avons donc simulé le fonctionnement du service à l'aide d'un ordinateur et d'un programme vachement perfectionné. Pour cette simulation nous avons modélisé notre fonctionnement de l'entrée à la sortie du patient avec toutes les étapes (tri, examen par le médecin, examens complémentaires divers, réexamen médical, éventuels examens complémentaires supplémentaires etc, etc).
 
Dans ce modèle on peut faire varier plusieurs types de "ressources", les docteurs seniors ou internes, les infirmières, les brancardiers mais également le nombre de box d'examen, le nombre de places d'UHCD etc,etc.  Pour cette étude, on n'a fait varier que les ressources humaines, le reste étant plus difficile à faire en vrai (pour le programme, hélas, il ne fait pas la différence entre une infirmière et un brancard, ce qui montre bien que les ordinateurs sont quand même un peu cons).

La distribution de la durée de séjour, la charge de travail des personnels et les durées des différentes étapes dans le serviceétaient comparables entre la simulation et les valeurs observées, ce qui veut dire que le modèle reproduisait fidèlement la réalité. 
 
Après on a fait un truc de dingue qui n'existe pas en vrai ou alors après des jours de grève ou quand le ministre veut nous faire plaisir, on a augmenté le budget pour voir ce qui se passait.
Eh bien les résultats sont étonnants (ou pas). Quand on mets des sous, la durée de séjour diminue. Par exemple avec 10% de budget de personnel en plus, on diminue la durée de séjour moyenne de 33%.

 
Et bizarrement, et pour moi ce fut une vraie surprise, dans notre modèle il faut mettre d'abord des médecins séniors (moi j'aurais pensé aux infirmières) dans la journée mais peut être que dans d'autres urgences cela aurait été différent. 


Ce type d'études peut paraitre ésotérique, la simulation n'atteignant pas (encore) le niveau du réel. C'est un pas important dans l'organisation de nos structures qui pourra éventuellement permettre de préparer l'organisation de nos services avant même leur construction et même envisager les besoins en personnel en fonction des patients et des objectifs de durée de séjour et pas seulement en fonction de ce que l'hôpital veut/peut bien mettre aux urgences. En attendant on a prouvé que plus il y a de monde, plus rapidement les patients sont vus. Etonnant, non ?


Pour ceux qui voudraient lire l'article en vrai, je vous l'enverrai avec plaisir (mais bon moi j'ai pas tout compris).


Ghanes K., Wargon M., Jouini O., Jemai Z., Koole G. Hellmann and Thomas A comprehensive simulation modeling of an emergency department: a case study for simulation optimization of staffing levels. Proceedings of the 2014 Winter Simulation Conference (pp. 1421-1432). IEEE Press.

1 commentaire:

  1. C'est tellement bien expliqué! J'essayerai de m'en inspirer pour ma soutenance :) continue c'est un plaisir à lire. Karim.

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